Nico Krebs & Taiyo Onorato

TERRAINS D'ENTENTE : PAYSAGES CONTEMPORAINS

Michel Mallard et Raphaëlle Stopin renouvellent la programmation photo des galeries de la Fnac avec un ensemble de dix expositions individuelles de Mathieu Bernard-Reymond, Stephen Gill, Scarlett Hooft Graafland, Nico Krebs et Taiyo Onorato, Janne Lehtinen, Christophe Maout, Jürgen Nefzger, Loan Nguyen, Stefan Ruiz, Kyoichi Tsuzuki. À partir du 18 avril dans les galeries de la Fnac. Exposition collective à partir du 3 juillet aux Rencontres d'Arles.

Les dix regards rassemblés dans Terrains d’entente (auteurs émergents et artistes confirmés) restituent, sous l’angle de la performance, de la fiction ou du document, un point de vue ludique sur le paysage contemporain. Le paysage, urbain ou rural, est une terre de re-création, une aire d’étonnement, d’amusement. Il n’est pas ce corps étranger à l’homme qu’il lui faut regarder de loin, dans une contemplation déférente. À l’heure où la prise de conscience écologiste fait fleurir une photographie prenant acte des mutations subies par le paysage naturel, et alors que celle-ci induit comme un état de fait l’incompatibilité de l’homme et de la nature et l’ascendance vorace de l’un sur l’autre, le paysage est ici terrain d’entente. Le photographe ménage au travers du champ de son image un espace de cohabitation, où règne la possibilité d’un ordre harmonique. Et pour voir l’éden à sa porte, chacun fait ses petits arrangements avec la réalité.

MATHIEU BERNARD-REYMOND

Les deux ensembles présentés par Mathieu Bernard-Reymond dans le cadre de Terrains d’entente mêlent, comme souvent chez lui, photographie et manipulation informatique. Dans la série TV, il incruste des écrans télé dans chacune des fenêtres des tours de logement, et sur leurs perrons, des figures fantomatiques extraites de programmes télévisés. Dans l’ensemble Monuments, il implante dans des paysages naturels, flanc de falaise ou vaste parc, des sculptures abstraites, qui se révèlent en fait, être la traduction de statistiques économiques. Mathieu Bernard-Reymond façonne le paysage ; en apprenti sorcier, il s'amuse du faux-semblant, exposant là ce qu’il énonce comme « le paradoxe de l’image et de notre propre existence : un perpétuel aller-retour entre l’imaginaire et le réel, une tentative à la fois indispensable et perdue d’avance pour savoir où nous sommes ».


Mathieu Bernard-Reymond, Exon Mobil, 10.08.2005, 9 am to 11 am, de la série Monuments.
Courtesy Galerie Baudoin Lebon, Paris.



Mathieu Bernard-Reymond, TV n°14, de la série TV. Courtesy Galerie Baudoin Lebon, Paris.


Né en 1976, Mathieu Bernard-Reymond vit et travaille à Lausanne, Suisse. Il étudie les lettres, les sciences politiques et l'histoire de l'art avant de suivre la formation de l'école de Photographie de Vevey en Suisse. En 2003, il est lauréat du prix de la Fondation CCF pour la photographie et en 2006 du prix BMW/Paris Photo. Il a exposé son travail dans plusieurs festivals en Europe, aux États-Unis et au Japon. Mathieu Bernard-Reymond est représenté par la galerie Baudoin Lebon, Paris.
wwww.monsieurmathieu.com

Vous êtes ici (Actes Sud, 2003) rassemble quelques unes des séries phares du photographe telles que ses Intervalles ou Disparitions. Un deuxième livre, sur la sé&rie des TV, est en préparation .


Fnac Perpignan du 18 avril au 16 juin 2007
Fnac Clermont-Ferrand du 2 juillet au 1er septembre 2007



STEPHEN GILL > Hackney Flowers

Photographe anglais, Stephen Gill habite Londres. Depuis quelques années, il a choisi le périmètre de sa ville de résidence pour champ d'action. Au travers de séries photographiques menées souvent parallèlement, il portraiture Londres, ses oiseaux, le revers de ses panneaux publicitaires, les gens perdus dans ses rues, les usagers de ses trains, de ses cinémas et dernièrement : Hackney Wick. Quartier populaire, centre d’un vaste marché aux puces alimentant les populations immigrées, il est voué à la destruction pour cause de Jeux Olympiques. Sur ce territoire mi-ville mi-friche, Stephen Gill mène plusieurs séries photographiques, toutes avec un appareil d’occasion acheté sur place, au marché. Après Buried, ensemble de photographies prises puis enterrées dans le territoire d’Hackney, il réalise Hackney Flowers (« Les fleurs d’Hackney ») série présentée dans le cadre de Terrains d’entente. Ici, il appose sur ses images, les fleurs récoltées lors de ses promenades dans les terrains vagues du quartier. De ces collages naît un objet entre album de souvenir et herbier, qui là encore, laisse le lieu s'exprimer dans le champ de l'image.


Stephen Gill, extrait de Hackney Flowers, Nobody Books, à paraître, juillet 2007.

Stephen Gill (1971) est initié à la photographie dès l’adolescence par son père. Il est assistant chez Magnum à Londres dans les années 1990. En 1997 débute son activité de photographe free lance. Il parcourt l’Europe de l’Est avant de se fixer Londres pour sujet d’investigation. Son travail a déjà fait l’objet de plusieurs expositions en Europe (The Photographers’ Gallery, Londres ; Rencontres d’Arles ; Maison de la Photographie, Moscou). www.stephengill.co.uk


Stephen Gill a récemment publié aux éditions Nobody Books :
Hackney Wick (2005), Buried (2006) et Hackney Flowers (été 2007).

Fnac Rouen du 18 avril au 16 juin 2007
Fnac Bordeaux du 2 juillet au 8 septembre 2007





SCARLETT HOOFT GRAAFLAND

À la fois sculpture, photographie et performance, l’œuvre de Scarlett Hooft Graafland choisit pour théâtre les laves d’Islande, les montagnes chinoises et les déserts de sel de Bolivie. Puisant dans les mythologies locales, elle chorégraphie d’étranges ballets : figures nues postées sur toits de couleurs, femmes assises sur tas de sel, silhouette ceintes de bateaux gonflables ou jeunes filles chevauchant une pagode. Ailleurs, elle dispose, dans le sublime d’un paysage embrumé, le cercle parfait d’une pizza sur un lotus. Les étendues de nature sauvage sont la toile de peintures surréalistes, à laquelle elle applique sa palette de couleurs vives et saturées. Ces compositions oniriques empruntent également au Land Art et à sa figure majeure, Robert Smithson. Tous paysages préservés,
à la magnificence éclatante, la photographe les embrasse avec un ludisme tout enfantin.


Scarlett Hooft Graafland, "Vanishing Traces" , de la série Soft horizons, 2007
Courtesy Michael Hoppen Gallery, Londres.



Scarlett Hooft Graafland, "Masmo! 1" , de la série Salt, 2004.
Courtesy Vous êtes ici Gallery, Amsterdam.

Née en 1973, Scarlett Hooft Graafland vit entre Amsterdam et New York. Elle a étudié l'art à l'Académie Royale des Beaux-Arts de La Haye, à l'Académie Bazalel de Jérusalem ainsi qu'à la Parsons School of Design, New York. Son travail s'élabore au cours de ses voyages, nombreux ces dernières années, en Islande, Israël, Chine, Canada, Bolivie. Elle est représentée par la gaelrie Vous êtes ici, Amsterdam et Michael Hoppen Contemporary, Londres. www.scarletthooft.com

Fnac Nice, du 18 avril au 16 juin 2007
Fnac Pau, du 25 juin au 28 août 2007




NICO KREBS & TAIYO ONORATO > Factoïds

Nico Krebs & Taiyo Onorato pratiquent tant la photographie que la mise en scène ou l’installation. Séjournant à New York pendant l’année 2006, ils entreprennent de traverser le pays d’Est en Ouest, par ses grandes et petites routes.
Au paysage américain et ses mythes, ils appliquent leur poétique de l’absurde. Grand canyon, bitume à perte de vue, motels croisent d'autres icônes de la culture américaine : hamburger et french fries.
La série emprunte son titre à Norman Mailer, figure de l’anti-establishment américain. Le syllogisme “Factoïds” renvoie, selon l’écrivain, à la fabrication des faits, ceux-là qui n’ont d’existence que sur la page du magazine ou du journal, façonnés pour manipuler l’émotion. La photographie de Nico Krebs & Taiyo Onorato fabrique et surenchérit sur le mythe. Mais ses auteurs ne font aucun mystère des artifices utilisés. Ils tirent - littéralement - les ficelles de l’image et nous le font savoir. Au travers de mises en scène bricolées et loufoques, ils portraiturent ces immensités légendaires avec une distance humoristique.
Et voilà l’Amérique, rien que ça, devenue leur grande cour de récréation.


Nico Krebs & Taiyo Onorato, de la série Factoïds, 2006


Nico Krebs & Taiyo Onorato, de la série Factoïds, 2006

Nés en 1979 et établis à Zurich, Nico Krebs et Taiyo Onorato travaillent en duo depuis 2003.
En 2005, ils sont lauréats du Grand Prix de photographie du Festival International de Mode et de Photographie à Hyères.
www.tonk.ch



Fnac Forum, Paris, du 18 avril au 18 juin 2007
Fnac Marseille, du 25 juin au 25 août 2007



JANNE LEHTINEN > Sacred Birds

Janne Lehtinen, photographe finlandais, mène depuis 1997 une série photographique intitulée Sacred Birds. Posté sur des promontoires, juché sur des toits de fermes, le photographe est affublé de grandes ailes assemblées de bric et de broc. Ses dispositifs aux proportions démesurées et à la structure incertaine disent d’emblée la vanité de l’entreprise et l’absurde de la situation. Le paysage blanc et froid, seul témoin de ses tentatives, est la scène dans laquelle il déploie ses ailes. D’année en année, d’image en image, le photographe, poursuit son rêve.


Janne Lehtinen, "Halo", de la série Sacred Birds, 2004


Janne Lehtinen, "Branches", de la série Sacred Birds, 2004

Né en 1970, Janne Lehtinen publie en 2006, Sacred Birds aux éditions Hatje Cantz.


Fnac Forum, Paris, du 19 juin au 18 août 2007


CHRISTOPHE MAOUT > Le Printemps

Le Printemps de Christophe Maout met en regard formes architecturales et végétales. Le photographe inverse les proportions ; la nature s’érige, sûre d’elle. Le bac à fleurs en bas de l’immeuble, le parterre d’arbustes au bord de la route, en bref l’élément naturel en environnement urbain, à la présence habituellement symbolique, n’est plus ce décorum négligeable mais le sujet même. La profondeur de champ réduite de l’image plonge l’arrière-plan dans le flou ; seules demeurent les grandes lignes du bâtiment, l’essence de son volume. Au premier plan, s’étendent sur la surface de l’image, cerisier japonais, iris et pissenlit. Tiges élancées ou torturées, feuilles rondes, nervures régulières, le vocabulaire du végétal répond à celui du béton et, ainsi exposé, révèle sa richesse formelle.
Christophe Maout parcourt la ville ; son regard, peu à peu, la transforme. Une à une, ces images donnent corps à sa « ville invisible », celle qui est là, en creux, et que chacun à l’aune de sa sensibilité, construit différente.


Christophe Maout, de la série Le Printemps, 2006.


Christophe Maout, de la série Le Printemps, 2006.

Christophe Maout (1967) vit et travaille à Paris. Il collabore aux titres de presse Libération ou Télérama et mène, parallèlement à ses travaux de commande, plusieurs projets personnels ; parmi ceux-ci, Homelux et Le Printemps, séries réalisées entre 2004 et 2006.
En 2007, il fait partie de la sélection photographie du Festival International de Mode et de Photographie à Hyères.



Fnac Toulouse, du 18 avril au 26 mai 2007
Fnac Rennes, du 2 juillet au 1er septembre 2007

JÜRGEN NEFZGER > Plein Air

De ses premiers travaux sur la zone suburbaine de Marne-la-Vallée au lendemain de l'arrivée d'Euro Disney jusqu'à son dernier opus sur l'Europe du nucléaire, Jürgen Nefzger sonde notre manière d'habiter et de consommer le paysage.
Les trois ensembles retenus dans l’exposition traitent du rapport de l'homme au paysage, dans une perspective légère : celle du sport. Praticiens de l’escalade en forêt de Fontainebleau, adeptes du sport en environnement urbain à Montréal, joueurs de airsoft ball à Dunkerque (cette simulation de combat où l’on use de balles en plastique) ; ils grimpent, courent, sautent, dribblent, jonglent et s’étirent. Pas de promeneur contemplatif dans les bois ni de passant pressé dans les villes mais des individus qui ont pris acte de leur environnement et en ont fait leur terrain de jeux.


Jürgen Nefzger, de la série Montréal , 2006


Jürgen Nefzger, de la série Montréal , 2006

Jürgen Nefzger, né en 1968 en Allemagne, est établi à Paris. Diplômé de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, il a exposé son travail à l’occasion de nombreuses expositions en France et en Allemagne. En 2005, il obtient la bourse de la Villa Médicis Hors les Murs pour mener à bien Fluffy Clouds, projet photographique d’envergure sur les centrales nucléaires d’Europe et leur implantation dans le paysage. En 2006, Jürgen Nefzger remporte le prix de photographie du Jeu de Paume voté par le public. www.juergennefzger.com

Hexagone, vol.1, Le Paysage consommé et Hexagone, vol.2, Le Paysage fabriqué.
Ces deux ouvrages, parus aux Éditions Fudô retracent les dix premières années d’activité du photographe.



Fnac Lyon Bellecour, du 18 avril au 16 juin 2007
Fnac Cannes, du 12 juillet au 8 septembre 2007

LOAN NGUYEN > Mobile

Loan Nguyen travaille depuis sept ans à une série de photographies intitulée Mobile. Dans ces images, la photographe se met en scène et pose dans les paysages qu'elle croise au quotidien ou lors de voyages. Esquissant une ombre chinoise sur la paroi d'une architecture de béton brut ou contemplant son reflet dans les eaux calmes d'un lac : tous ses gestes sont les réminiscences de jeux d'enfance – à raison, sa série porte le nom de l'un d'eux - ces moments où, avec étonnement, l'on se découvre partie de ce monde. L'action de l'être sur son environnement est toujours minime. L'empreinte corporelle s'imprime parfois par procuration, par simple projection. Une petite fille court et une canne à pêche ploie ; une ombre dessine une diagonale parfaite sur un mur et une jeune femme s'incline ; deux sveltes cyprès s’élancent et Loan Nguyen tend silhouette et regard vers les cîmes, entre elle et le paysage s’établissent d’intimes dialogues.


Loan Nguyen, de la série Mobile, 2000 - en cours.
Courtesy Galerie Esther Woerdehoff, Paris




Loan Nguyen, de la série Mobile, 2000 - en cours.
Courtesy Galerie Esther Woerdehoff, Paris


D’origine suisse et vietnamienne, Loan Nguyen, née en 1977, vit et travaille à Lausanne, Suisse. Elle est membre de Piece of Cake, collectif européen regroupant photographes et vidéastes. La galerie Esther Woerdehoff à Paris la représente.
www.madameloan.com

En 2006, paraît aux éditions POC, Mobile et en 2007, De Retour, sur le voyage de son père au Vietnam, aux éditions Christoph Merian.



Fnac Nantes, du 18 avril au 16 juin 2007
Fnac Nîmes, du 25 juin au 25 août 2007




STEFAN RUIZ

Officiant pour la presse depuis quinze ans, Stefan Ruiz parcourt, les États-Unis, l’Amérique du Sud ou encore les pays d’Afrique et Orient, portraiturant mineurs, cow-girls, acteurs, photographes, paysans, internés, éboueurs ou chirurgiens dans leur « habitat naturel », contemplant son sujet – qu’il soit portraituré ou paysage – avec ce même curieux mélange d’objectivisme et d’empathie si caractéristique de sa manière. Son exposition dans le cadre de Terrain d’entente présente un corpus de paysages réalisés au fil de ses voyages et rassemblés autour du thème des dispositifs de spectacle. Décor de série télévisée remisé, gradin de fortune perdu dans le désert, manège sans enfants, kiosque aux baies fermées : le paysage semble une vaste scène en attente de ses acteurs.


Stefan Ruiz, Merry Go Round, 2001


Stefan Ruiz, Décor, de la série Telenovelas, 2003-2005

Né en 1966, Stefan Ruiz étudie les beaux-arts à l’Université de Santa Cruz puis la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Venise, Italie.
Il se dirige ensuite vers la photographie et enseigne l’art dans la prison de San Quentin. Collaborateur du New Yorker, The New York Times et de I-D, il est directeur de création de la revue Colors entre 2002 et 2003 et trouve là une tribune lui permettant d’approfondir les thèmes qui lui sont chers. Établi à New York, il poursuit ses travaux de commande, qu’il mène en parallèle de ses recherches personnelles. En 2005, il expose à York et Paris, une série sur l’industrie des telenovelas (séries mexicaines à l’eau de rose) et se voit consacrer une exposition personnelle aux Rencontres d’Arles.

Stefan Ruiz, People est la première monographie rétrospective du photographe. Elle a paru aux éditions Boot Limited.



Fnac Strasbourg, du 18 avril au 16 juin 2007

Fnac Lille, du 12 juillet au 8 septembre 2007

KYOICHI TSUZUKI > Roadside World

On pourrait le dire tour à tour journaliste, artiste, voyageur, commissaire d’exposition ; en vérité, Kyoichi Tsuzuki est tout à la fois. Chez lui, le spectre des pratiques n’a d’égal que celui de ses intérêts. Tsuzuki regarde et voit, là où nous passons notre chemin. Le sujet de ses investigations : le vernaculaire, l’anonyme, l’amateur. D’abord homme de mots (il est rédacteur en chef puis directeur de collection de 1976 à 1992), Kyoichi Tsuzuki leur adjoint l’image afin de compléter le document. Première contrée explorée : le Japon. Roadside Japan – somme des attractions touristiques (et excentriques) recensées sur tout le territoire japonais – est la première étape de son tour du monde de l’insolite. Il parcourt ensuite le reste de l'Asie, l'Europe et dernièrement chacun des cinquante-deux États de l'Amérique. L'exposition rassemble, en une mise en regard des deux pôles que sont le Japon et les États-Unis, une documentation unique sur le sujet de l’art vernaculaire et les décors délirants construits par ses artistes anonymes.


Kyoichi Tsuzuki, La plus grande commode du monde, de la série Roadside America.

La plus grande commode du monde, Caroline du Nord, États-Unis
"Capitale du meuble", High Point, Caroline du Nord, abrite de nombreux fabricants et leurs boutiques. On y trouve également la Plus Grande Commode du Monde, 11 mètres de haut sur 9 mètres de large, avec une chaussette qui dépasse d'un de ses tiroirs : l'art, on le sait à High Point, est dans le détail.
Construite en 1926, cette vénérable commode devait renvoyer dans ses buts la Plus Grande Chaise du Monde, érigée en 1922 dans la ville voisine de Thomasville. La Chaise, ce n'est en fin de compte qu'une chaise, tandis que la Commode, elle, contient la MJC du coin…



Kyoichi Tsuzuki, Fraise-abribus, de la série Roadside Japan.

Fraise-abribus, Nagasaki, Japon
Sans vraiment évoquer l'attaque des tomates tueuses, ces abribus en fruit ne manquent pas de jus. La ville de Konagaicho au nord-ouest du Kyushu donne sur la mer Ariake, réputée pour ses bancs de sable et ses petits poissons sauteurs, vivant dans la boue. Juste à côté se trouvent Takesaki, célèbre pour ses crabes, et les montagnes d'Unzen Fugen. À part cela, il n'y a pas grand-chose à voir à Konagaicho. C'est pourquoi un publicitaire de génie a gratifié cette ville productrice de fruits du concept d'abribus en forme de fruit. Fort colorés et tout à fait uniques, ils ont acquis une telle réputation qu'une douzaine d'arrêts se sont transformés en fraises, melons, pastèques et mandarines. Il est prévu bientôt de faire « fructifier » l'ensemble des arrêts de bus de la ville ; il y a quelque chose de drôlement émouvant dans le face à face, de part et d’autre de la nationale, d'une grosse fraise rouge vif et d'un vieil abri dégradé. Les fruits sont d'un détail méticuleux, la fraise avec ses taches foncées, le melon au pâle motif de dentelle, et leurs coloris encore très frais.

« Ce sera lequel, le prochain ? » Aux dires d'une revue de voyages, on ne parle que de ça, à Nagasaki. Pourtant, lors de ces prises de vue, avant que je puisse photographier quoi que ce soit, tout le monde est sorti en catimini de son abribus en peau de fruit pour attendre son bus juste à côté. J'avoue que j'ai compati.



Kyoichi Tsuzuki
est né en 1956 Tokyo, où il vit et travaille. Il se dirige vers la photographie au début des années 1990 et reçoit le prix Ihei Kimura de la Photo en 1996 pour Roadside Japan. En 2001, il publie Universe for Rent, une recherche approfondie de 850 pages dédiée aux habitats nippons. Parmi ses expositions personnelles, notons Happy Victims (série sur les fashion victims japonaises, heureuses de l’être) présentée successivement au Festival de Hyères, The Photographers’ Gallery, Londres et au Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, Luxembourg.


Au cours des dix dernières années, Kyoichi Tsuzuki publie successivement aux Éditions Aspect, Roadside Japan, Roadside Europe et prochainement Roadside America.



Fnac Ternes, Paris, du 18 avril au 12 mai 2007

Fnac Aix-en-Provence, du 16 juin au 18 août 2007









LES COMMISSAIRES

Michel Mallard et Raphaëlle Stopin travaillent conjointement depuis 2003. Ensemble, ils sont commissaires du Festival d’Hyères pour sa section photographie et ont récemment collaboré à d’autres événements d’envergure internationale tels que la Biennale de Photographie de Mexico ou les Rencontres d’Arles. Nés respectivement au Mexique en 1968 et en France en 1978, ils sont établis à Paris.
contact : terrainsdentente@gmail.com

Michel Mallard est directeur artistique, commissaire et photographe. Au cours des dix dernières années, il a successivement pris en charge, en tant que de directeur de création et de conseiller à la rédaction, des revues et magazines tels que L’Autre Journal, Biba, Colors, Jalouse, Marie Claire Japon, Blast, L’Officiel, Vogue Hommes International.
Parallèlement à cette activité au sein de la presse, il a également réalisé la direction artistique de livres de photographie pour Schirmer/Mosel ou Steidl (récemment ceux de Candida Höfer, Thomas Ruff et Jean-Baptiste Mondino).
Depuis 1998, il assure le commissariat du Festival de Mode et de Photographie à Hyères, de son concours de jeune photographie et de ses expositions, dont certaines furent également accueillies par le Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, au Luxembourg, le Centre National de la Photographie, à Paris ou encore The Photographers’ Gallery à Londres et Unit-F, Vienne.
Des publications aux expositions, des correspondances s’établissent. Au sein de ce chassé-croisé, sur les cimaises et dans les pages de magazines, se retrouvent souvent les mêmes noms ; ceux de Jonathan de Villiers, Kyoichi Tsuzuki, Claude Closky, Solve Sundsbo, Ari Versluis & Ellie Uyttenbroek…


Raphaëlle Stopin a étudié l’histoire de l’art à la Sorbonne. Au cours de ses années de recherche, elle s’intéresse plus particulièrement à la photographie américaine et sa relation au paysage et à ses mutations. Elle collabore à diverses publications, citons notamment Figures Parfaites (Grenoble, Réunion des Musées Nationaux, 2000), In nomine patris, Légionnaires, Photographies de Charles Fréger (Editions 779/Château d'Eau, 2002), Ondarribi, Joël Tettamanti (Musée de Design et d'Arts Appliqués contemporains, Lausanne, 2005), Local Studies (Editions etc., Berlin, 2006), Intervalles, Mathieu Bernard-Reymond (Images au Centre 03, Editions du Patrimoine, 2003), Dat Nuoc, Loan Nguyen (De retour, Merian Verlag, Zurich, 2007). Commissaire, elle s’attache à promouvoir au sein des manifestations auxquelles elle collabore, des écritures émergentes et originales officiant tant dans le domaine de la presse que dans le champ de l’art et à œuvrer pour leur reconnaissance.